jeudi 20 juin 2013

Innovation et institution





Il y a des choses difficiles à comprendre, par exemple : la compagnie Kodak -qui est aujourd'hui en faillite à cause du passage raté au numérique- a pourtant été la première à développer un appareil photo numérique !

Qu'en est-il de nos institutions scolaires et de leur relation aux TIC et à la formation en ligne ?
La discussion avec Marcel Lebrun est fascinante, toute en nuances.

mercredi 12 juin 2013

Formule BYOD (AVAN)

BYOD = Bring Your Own Device (AVAN = apportez votre appareil numérique)

De plus en plus, le modèle 1:1 (1 appareil/ 1 étudiant) semble s'imposer. Chaque étudiant devrait, dans le meilleur des mondes, avoir accès à un appareil personnel pour mener à bien son projet d'études. On se doute bien, cependant que les ressources financières pour accommoder tous les étudiants ne sont pas au rendez-vous. Par ailleurs, de plus en plus d'étudiants (environ 80%) selon mes données personnelles possèdent un ordinateur portable ou une tablette et peuvent l'apporter en classe si nécessaire. Maintenant, qu'elles sont les questions à se poser avant de demander à ses étudiants d'apporter leur appareil en classe?

Il n'y a pas de règles institutionnelles régissant l'utilisation des ordinateurs portables et des tablettes numériques à l'ITHQ. Certains professeurs, quelques-uns seulement, suggèrent effectivement aux étudiants d'apporter leur appareil en classe. Pour les téléphones, à ma connaissance, c'est mal perçu, voire interdit. Certains professeurs interdisent aussi les ordinateurs et les tablettes, je ne connais pas la proportion, mais je dirais que c'est peut-être la moitié des profs! Pour l'école, il incombe à chaque professeur d'établir ses règles pour son cours. Et beaucoup d'autres se disent embêtés par les ordis et les tablettes. Ils les tolèrent, mais ne savent pas trop comment les intégrer.

L'arrivée des tablettes amène effectivement des usages et des possibilités nouvelles. Les fonctionnalités des tablettes ne sont pas toujours satisfaisantes comparées à celles des ordinateurs portables, mais elles semblent bien s'intégrer dans la classe et permettre de demeurer attentif à ce qui se passer autour de soi. Les tablettes sont toutefois nouvelles en classe -pour les étudiants comme pour les professeurs- et ne sont pas toujours maîtrisées techniquement. Les étudiants me posent d'ailleurs beaucoup de questions techniques et cherchent à mieux comprendre l'outil, pour travailler dans Google Drive par exemple, ou répondre à des formulaires en ligne.

Quels sont les principaux enjeux?
Infrastructure réseau et prises de courant
La capacité du réseau sans fil est un enjeu crucial. Les étudiants ont des téléphones et des ordinateurs. Il n'est pas rare que j'aie une cinquantaine d'appareils reliés au réseau sans fil de l'école dans ma seule classe (souvent 2 appareils par personne!). Si un autre professeur fait la même chose dans la classe voisine, la performance diminue sous un seuil critique et il n'est plus possible de travailler en infonuagique. La disponibilité des prises de courant pour les ordinateurs est aussi un réel casse-tête. Même lorsque les prises sont disponibles, on se retrouve rapidement avec des fils partout, ce qui rend les déplacements périlleux dans la classe.

La gestion de l'attention des étudiants
Cette session, un étudiant ayant l'air calme et studieux avait sont ordinateur portable en classe avec lui en tout temps. Il semblait prendre des notes et suivre le cours. Mais à la 12e semaine, il est venu candidement me poser des questions de base sur l'utilisation des ressources en ligne du cours et des documents partagés dans Google Drive. Il avait réussi à se rendre jusqu'à la fin de la session sans maîtriser les outils de base du cours, ce qui montre clairement qu'il faisait autre chose en classe, sans que je ne m'en sois rendu compte. Il a finalement échoué le cours... mais il aura certainement appris que la gestion des distractions et la capacité d'attention sont cruciales pour réussir. Comme professeur, je vais porter attention à ces situations et ajuster ma stratégie pour mieux prévenir ce genre de problèmes. Pour plusieurs étudiants, un téléphone, une tablette ou un ordinateur sont des appareils de divertissement. Il m'arrive même d'être un peu choqué lorsque j'entends des professeurs me dire à quels points ces appareils doivent être utilisés en classe, car ils sont tellement amusants ! Le fait qu'ils soient amusants est un réel défi et le professeur finit pas compétitionner avec l'outil pour garder l'attention de l'étudiant... Bien entendu, certains pourront mentionner l'apprentissage par le jeu, mais pour le moment, je ne suis pas rendu là ! Pour moi, les TIC sont un outil de travail puissant et efficace. Peu m'importe que ce soit amusant ou non. Là-dessus, il y a un fossé générationnel et je dois en tenir compte.

La pédagogie elle-même
Pour faire en sorte que les outils numériques personnels et les ressources numériques des cours soutiennent les apprentissages de tous les étudiants, et non seulement des plus forts, ou de ceux qui ont une motivation intrinsèque plus développée, il faut adapter la pédagogie et prendre certaines précautions. D'abord, il importe, très tôt dans le cours, d'imposer clairement et fermement la dimension TIC du cours. Mais, il faut le faire de manière progressive. Ensuite, il faut utiliser les outils de manières stimulantes, par exemple pour favoriser les travaux d'équipes et la collaboration entre pairs, pour accompagner les étudiants de manières plus soutenue en dehors des cours et plus personnalisée aussi (rétroactions plus fréquentes et délais de réponse plus courts) et pour offrir des contenus variés (textes complémentaires, vidéos, questionnaires). Il importe de repérer et d'intervenir rapidement auprès des étudiants plus "passifs" technologiquement. Il faut les accompagner de manière à ce qu'ils profitent eux aussi du levier technologique du cours. Sans quoi, les étudiants "plus forts" prendront une telle avance qu'il deviendra difficile d'enseigner pour toute la classe et les plus faibles s'en trouveront pénalisés. Ils seront en quelque sorte "largués technologiquement". Certains finissent même par développer une aversion pour les TIC ! Le problème n'est pas les TIC, mais les TIC amplifient effectivement les situations: l'avance des plus avancés, comme le retard des plus lents à se mettre au travail. Je parle ici de mon expérience personnelle avec plusieurs groupes depuis 3 ans.

En résumé, les professeurs sont les seuls à pouvoir déterminer la pertinence, dans leur cours, d'intégrer ou non les tablettes ou ordinateurs portables en classe. Toutefois, il est facile d'observer que la tendance  est à l'augmentation et que ce n'est sans doute qu'une question de temps avant que tous les étudiants travaillent avec un appareil personnel de manière continue. Les changements de pratiques pédagogiques doivent donc être progressifs et planifiés, afin de permettre le déploiements de ressources matérielles nécessaires.

vendredi 7 juin 2013

Documents Google DOCs et prévention du plagiat

Les étudiants de l'ITHQ ont accès directement à une foule d'outils infonuagiques via leur compte Google éducation (@monithq.ca). Certains de ces outils permettent, entre autres choses, de réduire le risque de plagiat.

Les documents textes Google facilitent la collaboration entre étudiants, mais aussi entre professeurs et étudiants. Il est possible de travailler sur un même document en même temps, à partir d'ordinateurs différents. Un professeur peut, par exemple, accompagner ses étudiants en temps réel, de chez lui ou de n'importe où, en intervenant directement dans le document. Il peut répondre à des questions via la fonction commentaire. Il peut même discuter en direct, par écrit ou par vidéoconférence. Finalement, il peut constater, au moment qui lui convient l'avancement du travail, le respect de l'échéancier ou la qualité du travail produit. Tout ces faits sont bien connus. Ce que j'ai tenté de faire avec cet outil ouvre cependant sur un autre sujet : le plagiat.

L'utilisation des documents collaboratifs de type Google Docs permet un enrichissement considérable de l'activité d'apprentissage: on peut suivre pas à pas le travail de chaque étudiant. On peut consulter l'historique des modifications apportées au travail, faire des commentaires ou répondre à ceux de l'étudiant. Les interactions sont simples, courtes, mais aussi fréquentes. Cela permet de s'ajuster au rythme d'apprentissage de chaque étudiant. Au besoin, ce suivi permet aussi de repérer efficacement les étudiants qui ont besoin d'un encadrement plus serré ou qui nécessitent un accompagnement particulier en présentiel.

Quelques principes qui m'ont guidé dans cette stratégie d'utilisation de Google Doc pour contrer les risques de plagiat dans mon cours de Philosophie et rationalité

  • Concevoir un travail significatif pour l'élève (en lui offrant par exemple des choix et en le laissant exprimer des goûts et des opinions, même si ce n'est pas la finalité du travail)
  • Découper la tâche en étapes de réalisation qui favorisent l'apprentissage progressif (ou cumulatif)
  • Imposer un échéancier et encadrer au besoin certains étudiants qui ne le respectent pas
  • Imposer l'utilisation du document collaboratif tout au long de la réalisation, ainsi que pour la remise du travail
  • Exiger qu'au moins une source valide soit utilisée conformément, sous forme de citation dans le travail
  • Rendre le scénario d'utilisation de l'outil simple pour l'étudiant 
  • Faire en sorte que cette formule ne demande pas trop de travail d'intégration de la part du professeur

Résultats observés:  

Diminution notable du risque de plagiat
L'étudiant qui souhaite plagier dans un tel contexte doit faire un travail considérable pour déconstruire ses sources et les faire correspondre aux étapes de réalisations (et aux échéances!). Cela représente tout un boulot. En plus de copier, il doit faire semblant de comprendre et d'apprendre à chacune des étapes, donc pas il n'y a plus de gain en terme de facilité pour l'étudiant. De plus, comme au moins une citations est exigée, l'étudiant est confronté d'emblée aux aspects méthodologiques et  stratégiques entourant l'inclusion de citation dans son texte. À mesure que sa compréhension se développe et que ses apprentissages s'approfondissent, il sera naturellement porté à citer plutôt qu'à plagier. Les résultats observés dans l'analyse de Compilatio sont aussi d'ailleurs très révélateurs: la diminution est réelle, toutes les analyses passent au vert ! Dans le passé, j'avais surtout du jaune et souvent du rouge.

Amélioration de la qualité des textes produits et de la réussite en tant que telle
Pour plusieurs étudiants,  cette rapidité de échanges entraîne une progression des apprentissages que j'observais moins souvent dans le passé. Il est fréquent de voir des étudiants "débloquer" suite à une intervention "au bon moment", même chez des étudiants présentant une motivation intrinsèque faible. Les moyennes générales de mes groupes ont augmenté depuis que j'applique cette stratégie. Je suis aussi parvenu à atténuer l'effet discriminatoire des technologies (TIC) qui avaient pour impact de favoriser les plus doués et les plus motivés ce qui élargissait l'écart dans mes groupes. C'est moins le cas maintenant, sans doute parce la place centrale des TIC dans le cours est mise en évidence dès le départ, par des exercices formatifs (mais obligatoires).

Aspects pratiques et impact sur la tâche

Fractionnement du temps de travail. 
Je réponds fréquemment à des questions d'étudiants en ligne et cela selon un horaire très variable. J'essaie de répondre rapidement. Comme je passe beaucoup de temps devant mon écran d'ordinateur, il arrive régulièrement que je réponde instantanément.

Gestion des fichiers dans Google Drive
Que ce soit pour l'étudiant ou le professeur, la gestion des fichiers dans Google Drive peut s'avérer rebutante. Toutefois, le service est fiable (selon mon expérience) et très pratique. Il n'est plus nécessaire de posséder un ordinateur pour pouvoir évoluer dans un environnement de travail personnalisé. C'est un gros avantage. Aucun support n'est requis : plus de clé USB, de sauvegarde sur le disque dur, de copie de sécurité de versions multiples ou de perte de documents. Tout est au même endroit, accessible de partout et en tout temps. Je n'apporte plus mon ordinateur à l'école. J'utilise l'ordinateur de la classe et je me branche sur mon profil dans Chrome. Tout y est:
  • Feuille de présences (dans une feuille de calcul)
  • Diaporama de présentation
  • Mini-sondage ou jeu questionnaire, ou formatifs avec les formulaires
  • Vidéo sur YouTube
  • Travaux des étudiants dans des documents texte
  • Courriel avec Gmail
  • etc.etc.

AutoCrat : un assistant dévoué
Pour simplifier la création des documents collaboratifs individuels, j'utilise le script suivant: AutoCrat. Il s'agit d'un bidule gratuit qui s'installe dans une feuille de calcul en deux temps/trois mouvements clics. Ce qui me prenait environ une minute par étudiant (de travail abrutissant, répétitif et comportant un risque d'erreur non négligeable), ne prend plus maintenant que quelques secondes. Ce script ajoute une panoplie de possibilités de personnalisation et réduit risque d'erreur à presque rien. Autocrat peut générer des documents à partir d'un modèle que vous avez créé dans Document texte et des informations contenues dans une feuille de calcul. Ainsi, vous pourriez intégrer votre liste de classe avec les adresses courriel (Gmail), puis créer automatiquement des documents pour chacun des étudiants. Le professeur demeure propriétaire du document, ce qui simplifie la collecte (remise des travaux). Je n'entre pas dans les détails ici, mais il y vraiment un monde de possibilité qui s'ouvre avec ce simple bidule.

Regardez la démonstration suivante pour comprendre de quoi il s'agit (en anglais): 


Accompagnement des étudiants
Ensuite, pour ne pas avoir trop de soutien technique à donner dans Google Drive, j'affiche la liste des noms des étudiants sur mon carnet avec l'hyperlien direct vers le travail de chacun. Ainsi, il suffit de cliquer sur son nom pour accéder au document. Il faut bien entendu être autorisé à accéder au document pour le que lien fonctionne. Cette liste de noms avec les hyperliens est générée automatiquement par une formule dans la feuille de calcul (spreadsheet). La formule génère le code HTML. Je recopie simplement les cellules de la colonne et le tour est joué. J'utilise une page sur un carnet (blogue), mais la même chose peut très bien être intégrée sur une page Moodle par exemple.

Détails techniques
La formule que j'utilise est la suivante : ="<a href='"&L2&"' target='_blank'>"&H2&"</a><br>"
Il vous suffira de remplacer L2 par l'emplacement de l'hyperlien généré par autoCrat et H2 par l'emplacement du nom (texte) sur lequel vous voulez voir l'hyperlien apparaître. Mon explication, en détails dans la capsule suivante: